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Les fables kabyles recourent à trois figures symboliques fortes pour décrire les relations dominant-dominé : le lion qui incarne le pouvoir, le chacal qui sert le roi et use de sa haute position sociale pour dominer les plus faibles, représentés par le hérisson. 

Le chacal, bien que subissant de plein fouet l'autorité du roi, peut cependant, par sa proximité avec lui (conseiller du roi), le manipuler, l'utiliser dans son intérêt ou dévoiler au peuple ses faiblesse. Le chacal est, en effet, rusé. Mais le hérisson, dans une position d'opprimé, est encore plus rusé, mais sans vice, avec une ruse subtile et droite (elle n'est pas utilisée pour jouer un mauvais tour aux siens). Et s'Il est faible par le corps, il est grand par l'esprit. Il tient le même rôle que les petits frères  ou les petites soeurs de nos contes (le petit poucet, par exemple) qui, par leur ingéniosité et bonté, apportent la victoire contre l'oppresseur. 

Ainsi, Hérisson gagne toujours contre Chacal dans les nombreuses fables kabyles qui les mettent en scène. Celle qui suit montre bien la domination que veut exercer Chacal (il refuse de partager) et l'habile résistance victorieuse de Hérisson.       (références en bas de page)

Chacal et Hérisson trouvent sur leur chemin une figue.

– Partageons-la, proposa Hérisson.

– Non, répartit Chacal, le plus âgé de nous deux la mangera.

– Quand es-tu né ? demanda Hérisson.

– Le jour où la mer fut incendiée !

    Qui a gardé souvenir d’un tel désastre ?

Hérisson dit :

– C’est moi qui y avais mis le feu !

Et, il mangea la figue !

Références :

Yacine Tassadit, « Domination, résistance et représentation : Lecture de fables kabyles », L'Homme & la Société, 2002/1 (n° 143-144), p. 13-28.

DOI : 10.3917/lhs.143.0013. URL : https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2002-1-page-13.htm