Sauvegarde
Préservation
Réhabilitation
du Hérisson d'Europe Erinaceus europaeus

Il existe dans le monde 19 espèces de hérissons, dont 3 présentes en Europe : Le hérisson d’Europe occidental (Erinaceus europaeus), le hérisson d’Europe Oriental (Erinaceus roumanicus) et le hérisson  d’Algérie (Atelerix algirus).

Le hérisson d’Europe occidentale est la seule espèce présente en France.

ANATOMIE

Les piquants , au nombre de 5000 à 7000 sur un individu adulte, sont des poils qui se sont épaissis  et solidifiés avec le temps, créant une armure de protection imprenable. Ils absorbent également les chocs en cas de chute. Ils se redressent grâce à un réseau de muscles peauciers auxquels ils sont rattachés, contrôlés par le hérisson.

Une vision faible.

Bonne perception de la couleur jaune.

Un odorat très développé  qui joue un rôle primordial dans son orientation (a, 13 p.) et la détection de ses proies, y compris sous terre (vers de terre). 

Une ouie très développée qui lui permet d'entendre un ver de terre se déplacer 3 cm sous terre et de localiser une proie dans un tas de feuilles (h). Il perçoit aussi les ultrasons émis par les insectes.

ALIMENTATION

 

 

Longtemps rattaché à la grande famille (ordre) des insectivores comme les taupes et les musaraignes, le hérisson n'en fait plus partie depuis 2005 (ordre: Erinaceomorpha) et, du reste, il est omnivore avec une forte prédominance d'aliments d'origine animale qu'il détecte à l’ouïe et à l'odorat, 2 organes très bien développés chez lui :  

 

  • En premier lieu, des invertébrés : une prédilection pour les vers de terre et escargots, limaces par nuit humide, une prédilection, par temps sec, pour les chenilles et coléoptères (carabes, scarabées, hannetons, gros bousiers, charançons, etc) mais aussi perce-oreilles, grillons, mille-pattes, libellules, parfois des araignées. 
  • En second lieu, des vertébrés : lézards, petits crapauds et grenouilles, oisillons tombés du nid, petits mammifères comme les souris.

 

Il complète son régime par des œufs, des champignons, des fruits mûrs tombés au sol et des graines. C'est à vrai dire un opportuniste ; il ne se fatigue pas à courir après ses proies, il se contente de celles qui passent à sa portée ! Il peut même manger des cadavres de rongeurs ou de serpents et fréquenter les poubelles à la recherche de restes alimentaires. 

 

 

 

SES PRÉDATEURS NATURELS

Hormis l'être humain qui participe à son déclin par la destruction de son habitat, les 2 prédateurs naturels qui se nourrissent régulièrement du hérisson sont le blaireau et le hibou grand-duc. Des cas de prédation par le renard roux, la chouette hulotte, la buse variable, la fouine ou même le sanglier ont pu être signalés mais restent des cas rares, souvent sur des individus jeunes (mise en boule difficile, nid laissé sans surveillance), blessés ou déjà morts (accidents de la routes etc.)

Le Hibou Grand-Duc et le Blaireau ont donc tous les 2 le secret pour venir à bout de cette "bogue de châtaigne":

 En le roulant sur le dos, le blaireau glisse, par la fente bardée de piquants, les longues griffes d'une de ses pattes, dans le ventre du hérisson qui, blessé, desserre alors un peu sa boule de piquants. Le blaireau en profite et insère les griffes de sa 2ème patte, l'écarte et met le hérisson à plat, ventre à découvert (k).

Le hibou grand duc utilise son bec puissant et ses serres pour désarmer le hérisson et enlève la peau du hérisson avant de le manger (on trouve des pelotes de piquants sur les sites habités par le hibou grand duc).

Le hibou grand duc

Le hérisson est, après le lapin de garenne, la 2ème proie de prédilection du hibou grand duc.

HABITAT

MILIEUX NATURELS ET MILIEUX D'ADAPTATION

 

Etant un animal omnivore et opportuniste, il a su s'adapter à tous les terrains (prairies, dunes, montagnes, forêts etc), avec un système défensif efficace et une stratégie de survie en conditions extrêmes (léthargie sur plusieurs semaines). 

 

Il est présent en campagne où il trouve sa nourriture dans des prairies pâturées , trouve refuge dans des  haies, fourrés  ou  bosquets  ainsi que des petits vergers et des petites parcelles de cultures diversifiées.

 

Avec, entre autres, la destruction d'habitat pour l'agriculture intensive et la contamination des sols par les produits phytosanitaires (pesticides), le hérisson s'est replié sur les zones péri-urbaines ou urbaines (jardins privés, parcs et jardins publics) où il est désormais 9 fois plus présent qu'en zone rurale (HUBERT et al. 2011). Il y trouve des haies, des points d'eau, des tas de compost (un vrai garde-manger pour lui) et des croquettes pour chat, bien qu'il soit aussi exposé à d'autres menaces liées à l'urbanisation (grillages, prédations par les chiens, routes etc.)

 

 

DOMAINE VITAL 

 

Le hérisson est un animal solitaire, évoluant sur territoire délimité, dont la taille varie en fonction de la saison (le hérisson étend son domaine lors de la reproduction).  Il est dépourvu d'instinct territorial, et ne défend pas son domaine vital. Plusieurs territoires de différents individus peuvent se chevaucher et se superposer, et en cas de rencontre, les individus pratiquent la méthode de l' "évitement": d'éventuelles manoeuvres d'intimidation à distances, principalement sonores (grognements, soufflements) mais chaque individu continue son chemin. Rares sont les cas d'affrontement provoquant des blessures, cas souvent liés à des mâles convoitant la même femelle.
LES ABRIS (ou gîtes, refuges, nids)
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Chez le hérisson, on parle le plus souvent de "nid", qu'il compose lui-même à partir de matières végétales trouvéss à proximité: feuilles, mousses, pailles, herbes ...
On distingue 3 types de nids:
- les nids d'été réduits parfois à une couverture de feuilles où il dort en journée,
- les nids de reproduction et d'élevage que la femelle construit spécialement pour sa portée,
- les nids d'hibernation, qu'il occupe jours et nuits durant les semaines de froid. Ces nids plus élaborés et fournis que ceux d'été, font l'objet des plus grands soins pour qu'ils soient solides et étanches (protection contre l'humidité et la dégradation par mauvais temps, isolation thermique, et sécurité contre les prédateurs grâce à une entrée limitée à une dizaine de centimètres d'ouverture) . 
Ces nids sont construits dans des endroits cachés et calmes, parfois improbables: sous des touffes d'herbes, haies, tas de bois, palettes abandonnées, sous une niche ou cabanon de jardin, un tronc creux  ...
Hormis une femelle s'occupant de ses petits, un individu change de nid plusieurs fois dans une saison: en été il a été vu des individus changer de nids tous les jours, et en hiver jusqu'à 8 fois, surtout si l'animal a été dérangé.
 

Construction d'un nid, solide et sécurisé, adapté à l'hibernation ou la reproduction.

HIBERNATION

hérisson transportant dans sa gueule des matériaux de construction pour son abri/nid.

Période d'hibernation : d'octobre à mars/avril 
 

Face à la diminution des populations d'insectes en hiver, et à l'absence d'une fourrure isolante, le hérisson a du s'adapter: d'environ octobre à avril, il se mets en état d'hibernation !

 

L'hibernation c'est quoi ?

Selon Wikipédia: "L’hibernation est un état d’hypothermie régulée, durant plusieurs jours ou semaines qui permet aux animaux de conserver leur énergie pendant l’hiver. Durant l’hibernation, les animaux ralentissent leur métabolisme jusqu’à des niveaux très bas, abaissant graduellement la température de leur corps et leur taux respiratoire, et puisent dans les réserves de graisse du corps qui ont été stockées pendant les mois actifs."

 

En bref, à partir d'une certaine température extérieure (environ 10°C) l'animal rentre dans un état comateux, consommant en 120 jours la même quantité d'énergie que lui coûterait une journée d'activité printanière !

 

Que provoque l'hibernation au niveau physiologique:

  • la température corporelle, normalement à 35°C, s'abaisse à 5°C environ;
  • Le rythme cardiaque passe de 150-280 battements par minutes à 5  bpm;
  • La respiration diminue également de 50 cycles par minutes à 13 et moins, avec des périodes d'apnées pouvant aller jusqu'à 1h.

 

Pendant l'hibernation, le hérisson peut se réveiller brièvement afin d'éliminer les urines accumulées (malgré une fonction rénale diminuée), mais également en cas de redoux des températures s'il a été dérangé.

 

A la sortie d'hibernation, un individu peut perdre jusqu'à 30% de son poids, souvent liés à des réveils successifs (dérangements) et très énergivores.

Le saviez-vous ?

En période caniculaire, le hérisson d'Europe applique une stratégie suivie par nombre d'animaux vivant dans les conditions arides des pays chauds (dont les hérissons d'Afrique) : il entre en estivation, c'est-à-dire en dormance, mais dans un sommeil moins profond que celui de l'hibernation (o, 1425 p.) avec un métabolisme en hypoactivité pour limiter les pertes d'eau et réserver la dépense énergétique au fonctionnement a minima des fonctions vitales. 

Le saviez-vous ? Hibernation et hivernation sont 2 choses différents.

Bien que l'enjeu de ne pas dépenser trop d'énergie pour survivre à l'hiver soit le même, la différence se fait dans la profondeur du sommeil.

En effet, un animal hivernant est "seulement" dans un sommeil prolongé, sans pour autant modifier ses fonctions vitales. Il reste ainsi actif et peut continuer à s'alimenter et réagir rapidement en cas d'attaque de prédateur.

REPRODUCTION 

Les bébés hérissons naissent complètement nus, sans fourrure, sans piquants, pesant 10 à 25 g, aveugle à la naissance, telle une "petite larve rose".

Les premiers piquants, blancs et mous, percent la peau quelques minutes après la mise bas, et sont entièrement sortis au bout de 24h. C'est à environ 36 heures,  que la première génération de piquants bruns à bout blanc font leur apparition alors que la fourrure n'apparaitra qu'au bout de 2 semaines.

Le choupisson aura le réflexe de se mettre en boule dès le 11e jour.

A 2 semaines de vie, les yeux s'ouvrent et à 3 semaines les premières dents apparaissent. Commence alors l'apprentissage de la nourriture solide jusqu'au sevrage complet à 8 semaines.

 

 

 

 

 

                       REPRODUCTION
 

  • Maturité sexuelle : 11 mois
  • Saison des amours : mars à octobre
  • Gestation : 35-41 jours
  • Nombre de petits par portée : 2 à 7
  • Nombre de mises à bas/saison : 1 ou 2
  • Poids de naissance : 10 à 25 g
  • Durée d'allaitement : 4 semaines

A environ 3 semaines, dans les mains d'Anne Dupuy

Bébé hérisson vient juste de naître

Quelques heures après la naissance

Bibliographie

BERTHEVAS GAËL (2014), "Les principaux parasites des hérissons d'Europe admis au centre de sauvegarde  de la faune sauvage d'Alfort". Thèse de doctorat. Créteil : Faculté de Médecine de Créteil, 123 p.
JOURDE PHILIPPE (2020), naturaliste de la LPO, spécialiste du hérisson, "A l'action pour le hérisson"
 JOURDE PHILIPPE (2020), naturaliste de la LPO, spécialiste du hérisson,  "Tout savoir du hérisson d'Europe au Jardin"
JOURDE PHILIPPE (2020), naturaliste de la LPO, spécialiste du hérisson, "Bébé hérisson et mode de reproduction"
(NEET CORNELIS (1990). "Les insectivores: le hérisson, la taupe et les musaraignes". Atlas Visuels Payot Lausanne. 
La Hulotte, N° 77 (1999), extraits sur le site vallée du ciron (consulté le 16 déc.2020)
HUBERT P., JULLIARD R., BIAGIANTI S. et POULLE M. L. (2011). "Ecological factors driving the higher hedgehog (Erinaceus europeaus) density in an urban area compared to the adjacent rural area", Landscape and Urban Planning 103, pp. 34-43.  
MENNESSIER KATY (2013), "Mode de vie et alimentation du hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus)". Thèse de doctorat. Toulouse : Université Paul-Sabatier de Toulouse, 84 p.     p. 30, p. 40, pp.54-55
STOREY B. KENNETH, STOREY JANET M. (2012), "Aestivation : signaling and hypometabolism", The Journal of Experimental Biology 215, pp.1425-1433     
"Le Hérisson, héraut de la biodiversité à Nantes", La Croix (consulté le 12 déc. 2020)